Exercice de la parole

20031203

Variation sur un paragraphe du Ruban au cou d'Olympia
Dans la vitrine d'un marchand d'art, un cheval de Troie fait d'argile, rendu dense on ne sait comment, inachevé mais comme parfaitement articulé,
variation orientale sur un mythe de la frange de l'Orient.
Dans la solitude des glaces, le lac de lave du mont Erebus, vie sombre et sourde, bouillonnant tel l'univers, comme n'ayant aucun témoin, majesté indiscutable, sans regard pour exister.
Dans une chambre d'étudiant, un enfant de la haute mer qui sans jamais désespérer de la désespérance s'accroche au rêve du rêve d'un phantasme.
Au cinéma, le verbe si grave de Godard, au sommet dans la pesanteur comme dans la légèreté; l'identité par l'image de Syberberg, image autour de laquelle la langue ne peut que s'enrouler.
Le décalage existentiel d'un certain apprenti philosophe, une non-coïncidence qui ne peut être rejointe, mais qui constitue un appel, une invitation.
Partout le frêle qui s'ignore comme frêle, incontestablement lié à ce qui l'éreinte en le dépassant.
Le regard désirant qui regarde dans le ciel le reflet de sa timidité.
Une parole qui n'attend que nous pour être continuée,
L'arrogance exquise, la foi, ce qu'il y a d'instinctivement juste dans le dit du poète