Exercice de la parole

20050106

Sur les chimères, ou bien peut-être la mienne.
Lorsque je croise, à la fac, ces doctorants qui m'interrogent sans cesse sur mon "travail", mon mémoire, avec cette lumière dans les yeux qu'on garde pour les amants, pensant sans doute à leur propres pages, recherche, comme partie centrale et organique de leur vie. Ou bien, mon ami G. et son plan de carrière, ou bien encore J. et son bar, tout un langage déraisonnable et qui m'angoisse, terriblement, d'être à ce point sans objet, sans piste à parcourir et à laquelle tout sacrifier.
Ou bien peut-être la voie, celle qu'on emprunte au dojo, et l'amour, quelque amoureux à l'attention duquel je rassemble mes maigres forces. Comme à l'impression de beauté qui peut détruire, la beauté comme choc, révélation aussitôt arrachée, comme quelque chose qui n'advient que sans vous et dont vous constituez le témoin involontaire et passager. Sans objet, oui, c'est aussitôt une posture aussi improbable que poétique... Comment se connaître, lorsqu'on perd comme pour toujours une naissance inachevée, sinon à lire Platon comme une longue suite hystérique et folle. Platon, Thérèse et moi, l'extase.